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chargé les apôtres de prêcher sa doctrine et les en a rendus dépositaires ; c’est un fait que ceux-ci l’ont remise à leur tour aux églises dites apostoliques ; et que, par l’intermédiaire de ces églises, elle a passé aux autres foyers de la chrétienté à mesure qu’ils s’allumaient à travers le monde. Et ce qui prouve cette succession ininterrompue, c’est encore l’identité des traditions qui se perpétuent au milieu des groupements catholiques.

Les hérétiques s’efforçaient, il est vrai, de diminuer par de sournoises objections le prestige de cet enchaînement. Était-il sûr que les apôtres eussent reçu dans son intégralité la doctrine du Maître ? Ne voyait-on pas que saint Paul n’hésita pas à blâmer saint Pierre et ses compagnons[1], ce qui implique qu’il savait quelque chose de plus qu’eux ? Même en admettant que les apôtres eussent eux-mêmes tout su, cela entraînait-il qu’ils eussent tout dit, ou que les Églises eussent tout parfaitement compris ? Tertullien répare successivement chacune des brèches ainsi ouvertes en faisant ressortir, par des raisons de fait ou de vraisemblance, la frivolité de ces insinuations (XXII-XXVIII). Puis il insiste sur l’évidente postériorité de l’hérésie par rapport à la doctrine dont elle se sépare. Et il tire de là une puissante présomption contre les dissidents, étant

  1. Galates, II, 11.