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autres, il faut y couper court en posant en fait que les hérétiques ne sont aucunement recevables à disputer sur les Écritures (XV-XIX).

Ici intervient la pièce capitale de la construction dressée par Tertullien. Il est nécessaire d’ouvrir une parenthèse pour expliquer la valeur juridique de la « prescription » qu’il élève contre l’hérésie.

La loi des douze Tables avait établi que quiconque aurait usé pendant deux ans d’un fonds de terre, pendant un an de toute autre chose, en deviendrait légitime propriétaire (sauf certains cas réservés[1]). Ce mode d’acquérir s’appelait usucapio. Mais il était réservé aux seuls citoyens[2]. Il fallut imaginer un procédé différent pour les fonds provinciaux qui ne comportaient pas la propriété quiritaire et pour les pérégrins qui, faute du titre de citoyens, n’étaient pas aptes à obtenir le dominium[3]. « Il fut permis à quiconque avait pris possession d’un fonds provincial d’une façon régulière, et le possédait depuis dix ans au moins, de repousser toute réclamation de l’ancien possesseur au moyen d’une exception préjudicielle,

  1. Cf. Cuq, Les institutions juridiques des Romains, t. 1er , 2e  éd. (1904), p. 85 ; May, Éléments de droit romain, 3e  édition (1894), p. 168 et suiv.
  2. May, op. cit., p. 143.
  3. Pour plus de détails, cf. Cuq, II, p. 249 et suiv.