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port étroit qui unit à la philosophie l’hérésie elle-même. Presque tous les hérésiarques ont passé par la discipline de telle école qui a mis sa marque sur leur doctrine particulière. Le grand coupable, c’est Aristote, pour avoir inventé la dialectique, cette maîtresse de subtilité et de contradiction. Et Tertullien conclut par cette affirmation péremptoire : « Nobis curiositate opus non est post Jesum Christum, nec inquisitione post Evangelium. » — Mais les hérétiques, et aussi les fidèles trop épris du jeu des idées, alléguaient le « Quaerite et invenietis[1] », et prétendaient y trouver de quoi justifier leurs investigations favorites. Tertullien s’empare de ce mot, et par une étude attentive des circonstances où il fut prononcé, il montre qu’il ne saurait avoir le sens ni la portée que leur exégèse complaisante lui attribuait. En réalité, du moment que le Christ a apporté une doctrine une et fixe, on peut « chercher », tant qu’on ne la pas « trouvée » ; mais dès qu’on l’a trouvée, il n’y a plus rien à chercher. La recherche n’a pas de valeur ni d’intérêt en soi. Il faut nécessairement qu’elle aboutisse à un terme. Ce terme, c’est Jésus-Christ. Si elle s’égare parmi les multiples sectes hérétiques, nulle part elle ne trouvera, dans sa poursuite chimérique,

    gétique de ses devanciers. Cf. Tertullian als Schriftsteller, dans les Preussische Jahrbücher, t. 88 (1897), p. 266.

  1. Mathieu, VII, 7.