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les mauvais ? Qu’on s’en préserve, cela est un devoir : mais se frapper à ce point de leurs effets est au moins naïveté.

— Mais pourquoi tel et tel y ont-ils succombé ?

— C’est qu’ils n’étaient pas si vertueux qu’on les croyait ! Nous connaissons les visages, non les cœurs. L’Ancien et le Nouveau Testament ne nous racontent-ils pas les chutes les plus stupéfiantes ? Puis, qu’importe ces questions de personnes ? C’est la foi qui juge les gens, et non d’après la conduite des gens qu’il convient de juger la foi. Tant pis pour ceux qui se séparent du troupeau : ils tombent sous le coup des condamnations réitérées que saint Paul a portées contre les orgueilleux qui se refusent à penser et à parler comme leurs frères.

Cela posé, Tertullien dresse ses batteries. Tout son effort va tendre dans les chapitres suivants (VII-XII) à réprimer la curiosité intellectuelle en matière religieuse.

Il commence par mener une charge à fond de train contre la philosophie profane. Le temps est passé de ces coquetteries avec la sagesse païenne auxquelles s’étaient attardés certains des apologistes grecs, ses prédécesseurs[1]. Il souligne le rap-

  1. M. Karl Holl a remarqué la fermeté d’esprit avec laquelle Tertullien (spécialement dans le De Testimonio AnimaeI ; Reifferscheid, p. 134) a jugé la méthode apolo-