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valeur de cette interprétation, rien ne saurait prévaloir contre ce fait que nulle trace de montanisme n’apparaît dans le De Praescriptione, en dépit des nombreuses occasions qu’aurait eu Tertullien d’affirmer ses convictions nouvelles.

Si l’on tient compte de la promesse incluse dans le chap. XLIV, 14, l’opuscule doit être antérieur à la plupart des traités de polémique dirigés par Tertullien contre les hérétiques. Monceaux le localise vers 200 ; Harnack entre 198 et 202/3.

III. Les premiers chapitres du De Praescriptione nous laissent entrevoir les circonstances qui décidèrent Tertullien à écrire cet opuscule. Le Gnosticisme sévissait. Rompus à toutes les acrobaties de la dialectique, les Gnostiques excellaient à éveiller le doute et le scrupule dans le cœur de ceux qui avaient la faiblesse ou la présomption de discuter avec eux[1]. Un certain nombre de désertions avaient affligé l’Église ; et, en raison de la qualité, de la science, de l’apparente vertu des renégats, beaucoup d’âmes s’en étaient senties troublées.

Tertullien s’applique, dès les premières pages, à réagir contre cette redoutable contagion de scandale. On s’étonne qu’il y ait des hérésies : mais n’ont-elles pas été prédites ? ignore-t-on qu’elles apportent du moins ce bienfait de faciliter, au sein de la masse chrétienne, le triage entre les bons et

  1. Cf. VIII, 1, et XXVII, 2.