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on rencontre fatalement un mode de vie comme le leur. [5] Mais là où est Dieu, là se trouve la crainte de Dieu, qui est le commencement de la sagesse ; et là où l’on craint Dieu, sont aussi la gravité honnête, le zèle scrupuleux, le soin inquiet, le choix attentif, la communication après mûr examen, l’avancement dû aux loyaux services, la soumission religieuse, le service pieux, le maintien modeste, et l’Église unie — et tout y est de Dieu.

XLIV. Au surplus le témoignage de cette discipline plus stricte qui existe parmi nous s’ajoute pour montrer où est la vérité : personne n’a avantage à se détourner d’elle, s’il se souvient du jugement à venir où il nous faudra tous comparaître devant le tribunal du Christ pour y rendre compte surtout de notre foi. [2] Que diront donc ceux qui l’auront déshonorée par l’adultère de l’hérésie, elle, la vierge confiée par le Christ ? [3] Ils allégueront, je suppose, que rien ne leur avait été dit par le Christ ou ses apôtres sur les doctrines horribles et perverses qui devaient survenir, qu’aucun avis ne leur avait été donné de s’en garer et de les détester. [4] Ils s’en prendront, plutôt qu’à leur faute et à celle des leurs, à la faute de ceux qui ne nous ont pas prémunis d’avance ! [5] Ils ajouteront en outre beaucoup de considérations sur l’autorité des docteurs hérétiques. Ils diront que ceux-ci leur ont donné de très fortes preuves de leur doctrine, qu’ils ont ressuscité des morts, guéri des malades, prédit l’avenir, de sorte qu’à juste titre on les croyait des apôtres. [6] Comme s’il n’était pas écrit que beaucoup viendront qui feront même de très grands miracles pour fortifier la duperie de leur prédication mensongère ! Aussi mériteront-ils le pardon.