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debout qu’ils ne relèvent les ruines qui gisent sur le sol. [5] Voilà l’unique tâche pour laquelle ils se font humbles, caressants et modestes. Au surplus ils ignorent le respect, même à l’égard de leurs propres chefs. [6] Voilà pourquoi il n’y a généralement pas de schismes chez les hérétiques. Quand il y en a, on ne les voit pas : le schisme est leur unité même. [7] Je mens, si même entre eux ils ne s’écartent pas de leurs propres règles, chacun tournant à sa fantaisie les préceptes reçus, tout comme celui qui les leur a donnés les avait disposés à sa fantaisie. [8] L’hérésie demeure en son progrès fidèle à sa nature et au caractère de son origine. Les Valentiniens ont pris le même droit que Valentin et les Marcionites que Marcion, celui d’innover à leur gré dans la foi. [9] À examiner à fond toutes les hérésies, on saisit leur désaccord en bon nombre de points avec leurs fondateurs. [10] La plupart des hérétiques n’ont pas même d’Église ; sans mère, sans demeure fixe, sans foi, exilés, ils sont comme des vagabonds au ban de la société.

XLIII. On a remarqué aussi le commerce des hérétiques avec quantité de mages, de charlatans, d’astrologues, de philosophes, c’est-à-dire de gens voués aux vaines recherches. [2] Partout, ils se souviennent du « Cherchez et vous trouverez ». Tant il est vrai que la qualité de la foi peut être appréciée d’après le genre de vie et que la conduite est un critère de la doctrine. [3] Ils nient qu’on doive craindre Dieu : aussi tout chez eux est libre et sans règle. [4] Mais où ne craint-on pas Dieu, sinon là où il n’est point ? Et là où il n’est pas, il n’y a point de vérité. Là où il n’y a point de vérité,