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recherche corruptrice. Ils accordent en bloc la paix à tous sans aucun discernement. [4] Peu leur importe la différence de leurs systèmes, pourvu qu’ils conspirent à renverser la vérité. Tous sont gonflés d’orgueil, tous promettent la science. Les catéchumènes sont définitivement initiés avant d’être entièrement instruits. [5] Et chez les femmes hérétiques elles-mêmes, quelle impudence ! N’osent-elles pas enseigner, disputer, exorciser, promettre des guérisons, peut-être même baptiser ? [6] Leurs ordinations se font au hasard, sans sérieux, sans suite ; ils installent tantôt des néophytes, tantôt des hommes engagés dans le siècle, tantôt nos apostats, pour se les attacher par l’ambition, puisqu’ils ne le peuvent par la vérité. [7] Nulle part, on n’avance plus aisément que dans le camp des rebelles : le fait même de s’y trouver constitue déjà un titre. [8] Aussi ont-ils aujourd’hui un évêque, demain un autre ; aujourd’hui est diacre tel qui demain sera lecteur ; aujourd’hui est prêtre tel qui demain sera laïque ; ils chargent des laïques même de fonctions sacerdotales.

XLII. Que dirai-je du ministère de la parole ? leur préoccupation n’est pas de convertir les païens, mais de pervertir les nôtres. [2] La gloire qu’ils recherchent de préférence, ce n’est pas de relever ceux qui sont à terre, mais de jeter à bas ceux qui sont debout : naturellement puisque leur œuvre n’est point faite de matériaux qui leur soient propres, mais des débris de la vérité. [3] Ils sapent notre maison pour construire la leur. Enlevez-leur la loi de Moïse, les prophètes, le Dieu créateur : ils n’ont plus d’accusation à articuler. [4] Aussi ruinent-ils plus aisément les édifices qui sont