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n’est-il pas manifeste que le diable a imité l’esprit minutieux de la loi judaïque ? [7] Celui qui s’est si jalousement efforcé de reproduire dans les choses de l’idolâtrie les rites mêmes qui servent à administrer les « sacrements » du Christ, celui-là aussi, dans une intention toute pareille, a désiré passionnément et a pu appliquer à une foi profane et rivale les instruments des choses divines et des sacrements chrétiens, en tirant sa pensée de leurs pensées, ses paroles de leurs paroles, ses paraboles de leurs paraboles. [8] Voilà pourquoi il ne faut pas douter que les esprits de perversité de qui les hérésies viennent, n’aient été envoyés par le démon, et que les hérésies diffèrent fort peu de l’idolâtrie : elles procèdent du même auteur et de la même œuvre que l’idolâtrie même. [9] Ou bien elles imaginent un autre. Dieu contre le Créateur, ou bien, si elles confessent un créateur unique, elles le représentent comme autre qu’il n’est réellement. [10] Aussi tout mensonge proféré sur le compte de Dieu relève-t-il en quelque façon de l’idolâtrie.

XLI. Je ne dois pas oublier de décrire aussi la conduite des hérétiques, combien elle est futile, terrestre, purement humaine, sans gravité, sans autorité, sans discipline, tout à fait assortie à leur foi. [2] D’abord on ne sait qui est catéchumène, qui est fidèle ; ils entrent pareillement ils écoutent pareillement, ils prient pareillement. Lors même que des païens surviendraient, ils jetteraient les choses saintes aux chiens et les perles (d’ailleurs fausses) aux pourceaux. [3] Pour eux, la simplicité consiste à renverser la discipline ; le souci que nous avons de cette discipline, ils l’appellent