Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment pompé sa tragédie de Médée dans Virgile. Un de mes parents, entre autres divertissements littéraires, a expliqué d’après le même poète le Tableau de Cébès. [5] On appelle aussi d’ordinaire Homérocentons ceux qui, d’après les poèmes homériques, réunissent en un tout, grâce à un travail personnel, des morceaux pris de-ci de-là, à la manière des chiffonniers.

[6] L’Écriture sainte est naturellement plus féconde en ressources pour les besoins de chaque sujet. [7] Et je ne crains pas de dire que les Écritures mêmes ont été arrangées par la volonté de Dieu de manière à fournir aux hérétiques leur matière. Ne lisons-nous pas qu’il faut qu’il y ait des hérésies ? Or il ne peut y en avoir sans les Écritures.

XL. Demande-t-on par qui est interprété le sens des passages qui favorisent l’hérésie ? [2] Par le diable, bien entendu. Son rôle est de pervertir la vérité. N’imite-t-il pas dans les mystères des idoles les choses de la foi divine ? [3] Lui aussi baptise ceux qui croient en lui, ses fidèles : il promet que l’expiation des fautes sortira de ce bain. [4] Et si je me souviens encore de Mithra, il marque là au front ses soldats. Il célèbre aussi l’oblation du pain. Il offre une image de la résurrection et, sous le glaive, il rachète la couronne. [5] Et quoi ? n’impose-t-il pas à son grand prêtre un mariage unique ? Il a lui aussi ses vierges, il a lui aussi ses continents. [6] Au surplus si nous examinons les superstitions de Numa Pompilius, si nous étudions les fonctions des prêtres, leurs insignes et leurs privilèges, les cérémonies des sacrifices, les instruments et les vases qui y servent, les particularités des expiations et des vœux,