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commun avec elle, du jour où elles lui sont devenues hostiles. [7] Du noyau de l’olive, fruit doux, riche et nécessaire, on voit sortir aussi l’âpre olivier sauvage ; du pépin de la figue, si agréable et si délicieux, surgit le figuier sauvage, vide et inutile. [8] Il en est de même des hérésies. Elles proviennent de notre souche, mais ne sont pas de notre famille : nées du germe de la vérité, le mensonge les a rendues sauvages.

XXXVII. S’il est vrai que la vérité doive nous être adjugée en partage, à nous qui marchons dans cette règle que l’Église nous transmet après l’avoir reçue des apôtres, les apôtres du Christ, le Christ de Dieu, nous étions donc bien fondés à soutenir que les hérétiques ne doivent pas être admis à nous provoquer sur les Écritures, puisque nous pouvons démontrer, sans le secours des Écritures, qu’ils n’ont rien à voir avec les Écritures. [2] Étant hérétiques, ils ne peuvent être chrétiens, car ils ne tiennent pas du Christ la doctrine qu’ils suivent de leur propre choix en adoptant ce nom d’hérétiques. [3] N’étant pas chrétiens, ils n’ont aucun droit sur les écrits chrétiens, et ils méritent qu’on leur dise : Qui êtes-vous ? Quand et d’où êtes-vous venus ? Que faites-vous chez moi, vous qui n’êtes pas des miens ? de quel droit, Marcion, fais-tu des coupes dans ma forêt ? d’où le prends-tu, Valentin, pour détourner mes sources ? qui t’autorise, Apelle, à déplacer mes bornes ? [4] Ce domaine m’appartient : pourquoi, vous autres, venez-vous semer et paître ici arbitrairement ? Ce domaine m’appartient, je le possède d’ancienne date, je le possédais avant vous ; j’ai des pièces authentiques émanant des propriétaires même auxquels le bien a appartenu.