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Allusion évidente au De Praescriptione ! Or l’adversus Marcionem est un traité montaniste : donc, conclut-on, le De Praescriptione, postérieur à l’adversus Marcionem puisqu’il y est annoncé, est montaniste aussi, forcément.

L’argument ne laisse pas que d’être embarrassant. M. Monceaux [Revue de Philol., XXII (1898), p. 87, rem. 6 ; cf. Hist. littér. de l’Afrique chrétienne, I, 198 et 204] a cru pouvoir l’éluder en faisant observer que, d’après le témoignage de Tertullien lui-même, l’adversus Marcionem eut plusieurs remaniements successifs. Tertullien avait d’abord rédigé un travail un peu hâtif (opusculum quasi properatum). Le jugeant insuffisant, il le refondit avec de plus larges développements (pleniore postea compositione). Mais cette deuxième rédaction lui fut dérobée en fraude par un chrétien, devenu depuis apostat, qui la livra au public, non sans y laisser quantité de fautes. Tertullien mena donc à fin une troisième rédaction, dont il prend soin de nous dire qu’elle annule la précédente. — Ne suffirait-il pas dès lors de supposer que l’allusion au De Praescriptione appartenait à la première rédaction, antérieure de plusieurs années sans doute à la seconde et à la troisième, antérieure aussi au De Praescriptione ?

Cette explication (à laquelle Tillemont et Routh avaient déjà songé) est fort ingénieuse. Mais je