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apôtres eux-mêmes nous l’apprennent. [2] Et cependant, parmi tant de perversités diverses, nous ne trouvons aucune école qui ait soulevé de controverse sur le Dieu créateur de l’Univers. [3] Personne n’a osé supposer un second Dieu. C’était plutôt sur le Fils que sur le Père qu’on hésitait, jusqu’au jour où Marcion imagina, en outre du Créateur, un autre dieu uniquement bon ; [4] où Apelle transforma en Créateur, dieu de la loi et d’Israël, je ne sais quel ange glorieux du Dieu supérieur ; affirmant qu’il était d’une substance ignée ; où Valentin sema ses Éons et assigna pour origine au Dieu créateur le péché d’un seul Éon.

[5] C’est à eux seuls et à eux tout d’abord qu’a été révélée la vérité sur la divinité. Ils ont naturellement obtenu un plus grand privilège et une grâce plus complète du diable, qui a voulu, par rivalité contre Dieu, faire lui-même ce que le Seigneur avait déclaré impossible, en élevant par le poison de sa doctrine les disciples au-dessus du maître. [6] Donc que toutes les hérésies se choisissent le moment où chacune d’elle est apparue : au surplus ce point n’importe guère du moment qu’elles n’ont point la vérité pour elles, et elles ne peuvent l’avoir puisqu’elles n’existaient pas sous les apôtres. [7] Si elles avaient dès lors existé, elles auraient été citées elles aussi, pour être châtiées elles aussi : celles qui ont existé sous les apôtres sont condamnées nommément. [8] Donc, si ce sont les mêmes, encore mal dégrossies à l’époque des apôtres, aujourd’hui plus raffinées, elles portent depuis ce temps-là leur condamnation ; si elles ne leur sont pas identiques, et que nées postérieurement, elles aient emprunté à ces héré-