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emploient-ils les choses, les Écritures, les noms de ce Dieu contre lequel ils prêchent ? Si c’est le même Dieu, pourquoi le prêchent-ils d’une autre manière ? [15] Qu’ils prouvent qu’ils sont de nouveaux apôtres, qu’ils disent que le Christ est descendu une seconde fois, qu’il a de nouveau enseigné lui-même, qu’il a été de nouveau crucifié, qu’il est mort encore une fois, qu’il a été ressuscité encore une fois. [16] Quand Dieu envoie des apôtres, il leur donne aussi d’ordinaire le pouvoir d’opérer les mêmes prodiges que lui-même. [17] Je veux donc qu’on me montre les prodiges accomplis par eux ; au surplus, je reconnais le pouvoir merveilleux par où ils imitent en mal les apôtres : ceux-ci rendaient la vie aux morts, ceux-là donnent la mort aux vivants.

XXXI. Mais après cette digression, je reviens à notre discussion sur la priorité du vrai et la postériorité du mensonge. Nous en pouvons trouver encore une preuve dans la parabole qui montre le bon grain de froment semé d’abord par le Seigneur ; puis ensuite le diable, ennemi de Dieu, venant tout gâter après coup en y mêlant l’ivraie, herbe stérile. [2] Cette image figure nettement la différence des doctrines, car en un autre endroit la parole de Dieu est comparée à la semence. [3] L’ordre des temps montre donc que ce qui a la priorité est vérité venue du Seigneur, et que ce qui est introduit postérieurement est fausseté étrangère. [4] Tel est le principe qu’on doit maintenir contre toutes les hérésies postérieures, qui ne peuvent avoir au fond du cœur aucune assurance pour revendiquer la vérité.