Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en garde contre elles. [7] C’est à l’Église, dépositaire de cette doctrine, qu’il est écrit… disons mieux, c’est cette doctrine elle-même qui écrit à l’Église : « Quand bien même un ange descendrait du ciel pour vous prêcher un autre Évangile que le nôtre, qu’il soit anathème. »

XXX. Où était alors Marcion, le pilote du Pont, si zélé pour le stoïcisme ? où était Valentin, le disciple du platonisme ? [2] On sait qu’ils ne sont pas tellement anciens : ils vécurent à peu près sous le règne d’Antonin. Ils crurent d’abord à la doctrine catholique dans l’Église romaine, sous l’épiscopat du bienheureux Éleuthère, jusqu’au jour où leur curiosité toujours inquiète, par où ils corrompaient leurs frères mêmes, les en fit expulser par deux fois, Marcion avec les deux cent mille sesterces qu’il avait apportés à l’Église. Puis, exilés dans une séparation perpétuelle, ils dispersèrent le venin de leurs doctrines. [3] Enfin Marcion, ayant confessé son repentir, accepta la condition à laquelle fut subordonné l’octroi de la paix ecclésiastique, à savoir de restituer à l’Église ceux qu’il avait entraînés par ses leçons à leur perte. Mais la mort ne lui en laissa pas le temps.

[4] C’est qu’il fallait qu’il y eût des hérésies. De cette nécessité n’allons pas inférer que l’hérésie soit un bien — comme s’il ne fallait pas que le mal existât aussi ! Ne fallait-il pas que le Seigneur fût trahi ? et cependant malheur au traître ! Que personne n’aille donc tirer de là une justification de l’hérésie.

[5] Il faut dire encore un mot de l’origine d’Apelle. Il n’est pas lui-même aussi ancien que Marcion, son maître, de qui il reçut sa formation. Une femme fut