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XXVII. Il n’est donc pas croyable que les apôtres n’aient pas possédé dans sa plénitude la doctrine qu’ils annonçaient ou n’aient pas livré à tous la règle de foi tout entière. Voyons si, tandis que les apôtres l’annonçaient intégralement et en toute bonne foi, les Églises l’ont reçue par leur propre faute autrement que les apôtres ne l’enseignaient. [2] Ce sont là, on le sait, les aiguillons dont les hérétiques excitent nos humeurs de scrupule. [3] Ils tirent parti des réprimandes que l’apôtre adresse aux Églises : « Ô Galates insensés ! Qui vous a ensorcelés ? » « Vous couriez si bien, qui vous arrêtés ? » Et au début même : « Je m’étonne que vous abandonniez si vite celui dont la grâce vous a appelés à un autre Évangile. » [4] De même Paul écrit aux Corinthiens qu’ils sont encore charnels et qu’ils ont besoin d’être encore nourris de lait, étant incapables de recevoir une nourriture plus forte, — eux qui croient savoir quelque chose, alors qu’ils ne savent même pas comment il faut savoir. [5] Lorsqu’ils nous objectent que les Églises ont été réprimandées, qu’ils croient du moins qu’elles se sont corrigées ! [6] Qu’ils se souviennent aussi de ces Églises que l’apôtre félicite pour leur foi, leur science, leur conduite, en rendant grâce à Dieu, et qui aujourd’hui sont unies dans les privilèges d’une même doctrine avec celles qui furent alors reprises.

XXVIII. Eh bien, admettons-le : tous se sont trompés ; l’apôtre s’est trompé en rendant témoignage. L’Esprit saint n’a veillé sur aucune d’elle pour la conduire à la vérité, lui qui avait été envoyé par le Christ et demandé au Père pour être le docteur de la vérité, lui,