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d’autre en dehors de celle que Timothée avait apprise de lui, et je suppose, comme il le dit, « devant un bon nombre de témoins ». [7] Si par ce bon nombre de témoins on ne veut pas entendre l’Église, peu importe ; en tous cas, ce qui est articulé devant un grand nombre de témoins ne saurait passer pour secret. [8] Et de ce que Paul veut que Timothée confie « ces choses à des hommes fidèles » qui soient « capables de les enseigner aussi à d’autres », on n’en peut tirer aucune preuve pour l’existence de quelque Évangile occulte. [9] Puisqu’il dit « ces choses-ci », c’est donc qu’il parle de ce qu’il écrivait au moment même ; s’il avait parlé de choses mystérieuses, il aurait dit comme faisant allusion à des choses absentes, connues d’eux seuls, « ces choses-là ».

XXVI. En outre, il était logique qu’à celui auquel il confiait le ministère de l’Évangile pour s’en acquitter avec suite et prudence, il recommandât aussi, selon la parole du Seigneur, de ne pas jeter les perles aux pourceaux ni aux chiens les choses saintes. [2] Le Seigneur a parlé publiquement et n’a jamais fait allusion à une doctrine secrète. Lui-même avait enjoint (à ses disciples) de prêcher au grand jour et sur les toits ce qu’ils auraient entendu dans l’obscurité et dans le secret. [3] Lui-même, dans une parabole, avait d’avance fait entendre qu’ils ne devaient point serrer dans une cachette une seule mine — c’est-à-dire une seule de ses paroles — sans la faire fructifier. [4] Lui-même montrait qu’on ne met point ordinairement la lumière sous le boisseau, mais sur le chandelier, pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison. [5] De tout