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qu’elles étaient de telle nature qu’elles ne devaient être communiquées à personne. [6] Si ces mystères ont transpiré et que quelque hérésie prétende y trouver sa loi, c’est donc que Paul est coupable d’avoir violé le secret ; ou bien qu’on nous montre un autre homme qui ait été enlevé après lui au paradis et qui ait reçu l’autorisation d’exposer ce que Paul reçut défense de dire même tout bas.

XXV. Mais, comme nous l’avons observé, c’est une égale folie de reconnaître d’une part que les apôtres n’ont rien ignoré, qu’ils n’ont rien prêché de contradictoire, et de vouloir pourtant d’autre part qu’ils n’aient pas révélé à tous tout ce qu’ils savaient ; [2] qu’ils aient annoncé certaines choses en public pour tout le monde, et qu’ils en aient confié d’autres secrètement à un petit nombre. Cela, parce que Paul s’est servi du mot suivant en s’adressant à Timothée : « Ô Timothée, garde le dépôt », et encore : « Conserve le précieux dépôt. » [3] Quel est ce dépôt ? Est-il si mystérieux qu’on doive le croire constitué par quelque doctrine ésotérique ? [4] Ou ne fait-il pas plutôt partie de cette recommandation dont il dit : « Je te confie cette recommandation, mon cher fils Timothée », [5] et de ce précepte dont il dit : « Je te recommande, devant Dieu qui vivifie toutes choses et devant le Christ Jésus qui a rendu sous Ponce-Pilate un excellent témoignage, de garder le précepte. » [6] Mais quel est ce précepte ? Quelle est cette recommandation ? On voit d’après le contexte qu’il n’y a là aucune allusion voilée à une doctrine secrète, mais que bien plutôt l’apôtre insiste sur l’obligation de n’en point admettre