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qui dormit sur sa poitrine, le seul à qui le Seigneur ait désigné Judas comme le futur traître, lui qu’il recommanda à Marie pour lui tenir lieu de fils à sa place. [6] Que voulut-il qu’ils ignorassent, ceux à qui il fit connaître sa gloire et Moïse et Élie et la voix du Père du haut du ciel ? Non qu’il fît peu de cas des autres apôtres, mais parce que « toute parole doit reposer sur l’affirmation de trois témoins ». [7] Ils ignorèrent donc aussi, ceux à qui, après sa résurrection, il daigna expliquer en chemin toutes les Écritures ?

[8] Il est vrai qu’il avait dit un jour : « J’ai encore bien des choses à vous dire, mais vous ne pourriez les supporter maintenant. » [9] Il ajouta cependant : « Lorsque sera venu l’Esprit de vérité, il vous conduira lui-même à toute vérité. » Par là même, il montre que ceux-là n’ont rien ignoré à qui il promettait la possession de toute vérité grâce à l’entremise de l’Esprit de vérité. [10] Et il remplit sa promesse puisque les Actes des Apôtres attestent la descente de l’Esprit Saint. [11] Ceux qui ne reçoivent pas ce livre ne peuvent être au Saint-Esprit, puisqu’ils ne peuvent ni reconnaître que l’Esprit ait été déjà envoyé aux disciples, ni même défendre l’Église, car ils ne sauraient prouver à quel moment ni dans quel berceau ce corps s’est développé. [12] Ils aiment encore mieux ne pas avoir de preuves des idées qu’ils défendent, que de disqualifier, en admettant ces preuves, les mensonges qu’ils font.

XXIII. Ils mettent donc en avant, pour incriminer « l’ignorance » des apôtres, ce fait que Pierre et ceux qui l’accompagnaient furent repris par Paul. [2] « Tant il est vrai, disent-ils, qu’il leur a manqué quelque