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XVIII. Quant à celui, s’il existe, pour lequel vous entrez en discussion sur les Écritures, afin de l’affermir contre ses doutes, se tournera-t-il du côté de la vérité ou non pas plutôt du côté des hérésies ? [2] Ému de ne vous avoir vu prendre aucun avantage et de ce que la partie adverse ait nié et affirmé tout comme vous sans que personne ait bougé de sa position, il sortira de la discussion encore plus indécis et ne sachant plus ce qui est hérésie. [3] Nos griefs, ils peuvent eux aussi les retourner contre nous. Car fatalement ils diront que c’est nous qui produisons des textes altérés et des exégèses mensongères, puisqu’ils revendiquent, tout comme nous, la vérité.

XIX. Il ne faut donc pas en appeler aux Écritures ; il ne faut pas porter le combat sur un terrain où la victoire est nulle, incertaine, ou peu sûre. [2] Ces confrontations de textes n’eussent-elles point pour résultat de mettre sur le même pied les deux parties en présence, encore l’ordre naturel des choses voudrait-il qu’on posât d’abord cette question qui présentement est la seule à discuter : « À qui la foi elle-même appartient-elle ? À qui sont les Écritures ? Par qui, par l’intermédiaire de qui, quand et à qui la doctrine qui nous fait chrétiens nous est-elle parvenue ? » [3] Là où il apparaîtra que réside la vérité de la discipline et de la foi chrétienne, là seront aussi les vraies Écritures, les vraies interprétations et toutes les vraies traditions chrétiennes.

XX. Le Christ Jésus, notre Seigneur — qu’il me permette de m’exprimer ainsi un moment, — quel qu’il soit, de quelque Dieu qu’il soit le fils, de quelque matière qu’il ait été formé homme et Dieu tout ensemble, quelque