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prêter l’oreille aux paroles nouvelles, de fréquenter l’hérétique, après une réprimande, non après une discussion. [2] Il a si bien interdit la discussion qu’il spécifie qu’on ne doit joindre un hérétique que pour le réprimander ; et il ne parle, qui plus est, que d’une seule réprimande, parce que l’hérétique n’est pas chrétien. Il ne voulait pas que l’hérétique parût devoir être, tout comme un chrétien, réprimandé une fois, puis une fois encore, devant deux ou trois témoins : car s’il faut le réprimander, c’est justement pour la raison qui interdit de discuter avec lui. [3] Au surplus, ces luttes à propos des Écritures ne sont bonnes qu’à époumoner et à casser la tête.

XVII. Il est certains livres des Écritures que l’hérésie ne reçoit pas. Ceux qu’elle reçoit, elle les accommode à son système par des additions et des amputations. Si elle les admet, elle ne les admet pas intégralement. Même quand elle les garde à peu près dans leur intégrité, néanmoins elle les fausse en imaginant des interprétations différentes. [2] Un sens altéré ne fait pas moins de tort à la vérité qu’une plume corruptrice. Leurs frivoles conjectures ne veulent naturellement pas avouer les passages qui les condamnent. [3] Mais ils s’appuient sur les endroits qu’ils ont mensongèrement arrangés et sur ceux qu’ils ont choisis en raison de leur ambiguïté. [4] Quel résultat obtiendrez-vous, vous, l’homme habile en fait d’Écritures, du moment que du côté adverse on niera tout ce que vous affirmerez et qu’au contraire on affirmera tout ce que vous nierez ? [5] Vous ne ferez qu’y perdre la voix dans la dispute et que vous échauffer la bile en face de leurs blasphèmes.