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comme si nulle part et comme si jamais je n’avais mis la main sur l’enseignement du Christ, qu’il faut chercher et qu’il est nécessaire de croire.

XI. C’est impunément qu’on vagabonde ainsi, si l’on ne commet point de faute (bien que le fait même de vagabonder soit déjà une faute) ; c’est impunément, dis-je, qu’on vagabonde, quand on n’abandonne rien. [2] Mais si j’ai cru ce que je devais croire, et qu’après cela je m’imagine que je doive chercher autre chose encore, c’est donc que je compte trouver autre chose ; et je n’aurais point pareil espoir, s’il n’était pas vrai qu’avec les dehors de la foi je n’ai jamais cru ou que j’ai cessé de croire. [3] Si je déserte ainsi ma foi, je mérite le nom d’apostat. Pour tout dire d’un mot, quand quelqu’un cherche, c’est ou bien qu’il n’a rien encore, ou bien qu’il a perdu. [4] Elle avait perdu une de ses dix doubles drachmes, cette vieille femme : voilà pourquoi elle la cherchait ; mais dès qu’elle l’eut retrouvée, elle cessa de la chercher. [5] Il n’avait pas de pain, ce voisin : voilà pourquoi il frappait à la porte ; dès qu’on lui eut ouvert et qu’il en eut reçu, il cessa de frapper. [6] La veuve demandait à être entendue du juge parce que celui-ci refusait de la recevoir. Dès qu’il l’eut écoutée, elle cessa ses instances. [7] Il y a donc une limite, soit qu’on cherche, soit qu’on frappe, soit qu’on demande. « Car on donnera, est-il écrit, à celui qui demande, on ouvrira à celui qui frappe, et quiconque cherche trouvera. » [8] Tant pis pour celui qui cherche toujours ; il ne trouvera rien, car il cherche là où il ne peut rien trouver. [9] Tant pis pour celui qui frappe toujours ; on ne lui ouvrira pas : car il frappe où il