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DE LA PÉNITENCE

I. [1] Dans la pénitence, cette espèce d’hommes dont nous avons été nous-mêmes autrefois, gens aveugles, privés de la lumière du Seigneur, ne voient, d’après les seules indications de la nature, qu’un sentiment pénible de l’âme qui naît du regret d’une décision antérieure.

[2] Au surplus, ils sont aussi loin d’en avoir une notion raisonnable qu’ils sont loin de l’auteur même de la raison. La raison est en effet la chose de Dieu : il n’est rien que Dieu, créateur de toutes choses, n’ait réglé d’avance, n’ait disposé, n’ait ordonné rationnellement, rien qui ne doive, selon sa volonté, être traité et compris rationnellement. [3] Donc il faut bien que tous ceux qui ignorent Dieu, ignorent aussi la chose de Dieu, vu qu’aucun trésor n’est jamais ouvert aux étrangers. Aussi, naviguant à travers la vie entière sans le gouvernail de la raison, ils ne savent éviter la tempête qui est suspendue au-dessus du siècle. [4] Combien déraisonnable est leur pratique en matière de pénitence, ce fait seul suffira à le montrer, qu’ils l’appliquent même à leurs bonnes actions. Ils se repentent de leur fidélité, de leur charité, de leur bonne foi, de leur patience, de leur pitié, dès que ces vertus se sont