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là où la faute a été commise consciemment et volontairement, avec un plein sentiment du délit et de la grâce. Celui-là seul pleure, se roule à terre, qui sait et ce qu’il a perdu et ce qu’il recouvrera, s’il offre à Dieu l’immolation de la pénitence que Dieu octroie à ses enfants plutôt qu’aux étrangers.

[3] Est-ce que par hasard Jonas jugeait que la pénitence n’était pas nécessaire aux païens de Ninive, lorsqu’il cherchait à se dérober à l’office de la prédication ? ou plutôt, prévoyant que la miséricorde de Dieu s’était répandue même sur les étrangers, ne la redoutait-il pas comme devant annuler sa prédication ? [4] Ainsi c’est à cause d’une cité infidèle, à qui Dieu n’était pas encore connu, et qui péchait encore par ignorance, que le prophète faillit périr : à moins qu’il n’ait fourni une image anticipée de la passion du Seigneur, qui devait racheter les païens pénitents eux-mêmes. [5] Il est bon de constater aussi que Jean, tandis qu’il aplanissait les voies pour le Seigneur, prêchait la pénitence aussi bien aux soldats et aux publicains qu’aux fils d’Abraham. Le Seigneur lui-même préjugea que les habitants de Tyr et de Sidon auraient fait pénitence s’ils avaient vu les preuves fournies par ses miracles. [6] Au reste, je soutiendrai, moi, que les pécheurs par nature ont plus droit à la pénitence que les pécheurs par volonté. Car celui-là en méritera mieux le fruit, qui n’en a jamais usé, que celui qui en a déjà abusé : les remèdes ont plus d’efficacité la première fois que lorsque la vertu en est émoussée. [7] Apparemment le Seigneur est plus bienveillant envers les ingrats qu’envers les ignorants ! Il est plus miséricordieux pour