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pardonner, il ne fallait pas se prémunir là contre. [19] L’adultère et la fornication ne sont pourtant pas comptés au nombre de ces délits modiques et médiocres auxquels s’appliquent au même titre la sollicitude qui prend ses précautions et la sécurité qui pardonne. Tels qu’ils sont, ils tiennent le premier rang entre les crimes : il ne faut donc pas tout à la fois les pardonner comme s’ils étaient sans importance et s’en garer comme s’ils étaient de toute gravité.

[20] Pour nous, nous prenons de telles précautions contre les fautes capitales ou les fautes graves, qu’il n’est même plus permis, une fois chrétien, de contracter un second mariage, que seuls le contrat et la dot différencient peut-être de l’adultère et de la fornication. C’est pourquoi, nous autres, sans nous attendrir, nous excluons les remariés, au risque de donner mauvaise réputation au Paraclet pour la sévérité de sa discipline. [21] Sur le seuil, nous assignons la même limite aux adultères et aux fornicateurs, qui doivent répandre des larmes sans espoir de réconciliation et n’emporter de l’Église que la publication de leur déshonneur.


II. -- AUTORITÉ DES ÉCRITURES -- DEUX ESPÈCES DE PÉCHÉS

[1] « Mais, disent-ils, Dieu est bon et très bon. Il est compatissant, il aime à pardonner, abondante est sa miséricorde » qu’il préfère à n’importe quel sacrifice, ne jugeant pas que la mort du pécheur ait autant de prix que sa pénitence. « Il est le sauveur de tous les hommes et surtout des fidèles. » [2] Il faut donc que les enfants de Dieu soient, eux aussi, miséricordieux et pacifiques, qu’ils se pardonnent réciproquement, comme le Christ nous a pardonné ; et que nous ne jugions pas de peur d’être jugés. « Car c’est pour son