Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

cette discipline, le siècle lui-même porte pour elle témoignage, à ce point que parfois il essaie de la punir chez nos femmes par des souillures charnelles plutôt que par des tourments physiques, afin de leur arracher ce qu’elles préfèrent à la vie. [15] Mais voici que cette gloire s’abolit, et cela par le fait de gens qui auraient dû se refuser d’autant plus énergiquement à accorder le pardon aux fautes de ce genre que, toutes les fois qu’ils le veulent, ils se marient, de peur d’être forcés de succomber à l’adultère et à la fornication, vu qu’ « il vaut mieux se marier que de brûler ». [16] Apparemment c’est pour l’amour de la continence que l’incontinence est nécessaire, et c’est avec le feu qu’on éteint l’incendie ! Pourquoi donc, sous prétexte de pénitence, font-ils après coup un traitement de faveur à des crimes dont ils établissent d’avance le remède en permettant de se marier plusieurs fois ? [17] Les remèdes seront superflus, puisque les crimes sont pardonnes ; et les crimes continueront, si les remèdes sont superflus. Ils sont donc plaisants tour à tour avec leur sollicitude et avec leur négligence ; ils prennent à l’avance de bien inutiles précautions contre ce qu’ils pardonnent, et ils pardonnent bien sottement ce contre quoi ils se sont prémunis ; toute précaution n’est-elle pas inutile, du moment qu’on pardonne, et tout pardon n’est-il pas superflu, du moment que les précautions ont été prises ? [18] Ils se prémunissent comme s’ils ne voulaient pas souffrir pareils crimes ; mais ils pardonnent comme s’ils toléraient qu’ils fussent commis. S’ils ne voulaient pas les voir commettre, il ne fallait pas pardonner ; s’ils devaient