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chaque jour se révèlent comme les complices ou les appuis d’un parti criminel, grappes qui restent à glaner après cette sorte de vendange de parricides, ne chargeaient-ils pas leurs portes des lauriers les plus frais et les plus touffus ? N’enfumaient-ils pas leurs vestibules des lampes les plus haut pendues et les plus brillantes ? Ne se partageaient-ils pas le forum pour y placer les lits les plus élégants et les plus superbes, et cela, non pas pour célébrer les joies publiques, mais pour apprendre, dans une fête célébrée en l’honneur d’un autre, à faire des vœux pour eux-mêmes, pour ne voir dans l’inauguration du prince, dont ils remplaçaient en secret le nom par un autre nom, qu’un modèle et une image d’une autre inauguration, objet de leurs espérances ? — 12. Ils s’acquittent des mêmes devoirs envers l’empereur, ceux-là encore qui consultent les astrologues, les aruspices, les augures, les magiciens sur la vie des Césars ! Ce sont là des sciences inventées par les anges rebelles et interdites par Dieu, auxquelles les chrétiens ne recourent même pas, quand il s’agit de leurs propres intérêts. — 13. Qui donc a besoin de scruter la destinée de César, sinon celui qui médite ou souhaite quelque chose contre sa vie, qui espère ou attend quelque chose après sa mort ? C’est avec des intentions différentes qu’on consulte l’avenir sur ses proches ou sur ses maîtres ; autre est la curiosité d’un parent inquiet, autre celle de l’esclave qui craint.


Chapitre XXXVI

1. S’il est donc bien vrai que ces hommes qu’on appelait Romains sont convaincus d’être des ennemis publics, pourquoi nous refuse-t-on le nom de Romains, à nous, qui passons pour des ennemis publics ? Nous ne pouvons pas ne pas être Romains, si nous sommes des