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dans leur for intérieur et non par des orgies. — 2. C’est un grandiose hommage, évidemment, que de dresser sur la place publique des fourneaux et des lits de table, de célébrer des festins dans tous les quartiers de la ville, de transformer la cité en taverne, de convertir en boue le vin et la poussière, de courir en bandes pour se livrer aux outrages, aux indécences et aux plaisirs de la débauche ! Est-ce que la joie publique se manifeste donc par la honte publique ? Ce qui n’est pas décent aux autres jours de fête, est-il décent aux fêtes de l’empereur ? — 3. Ceux qui observent la discipline par respect pour César, la négligent-ils maintenant à cause de lui ? Et le dévergondage sera-t-il de la piété, et une occasion de débauche passera-t-elle pour une fête religieuse ? — 4. Oh ! combien juste est notre condamnation ! Pourquoi, en effet, nous acquittons-nous des vœux pour les Césars : et célébrons-nous leurs fêtes sans cesser d’être chastes, sobres et honnêtes ? Pourquoi, en un jour de joie, n’ombrageons-nous pas nos portes de lauriers et ne faisons-nous pas pâlir le jour à la lumière des lampes ? Rien de plus honnête, quand la solennité publique l’exige, que de donner à sa maison l’aspect de quelque nouveau lupanar !

5. Et pourtant, dans le culte que vous rendez à cette seconde majesté, qu’on nous accuse, nous autres chrétiens, d’offenser par un second sacrilège, en refusant de célébrer avec vous les fêtes des Césars d’une manière que ne permettent ni la modestie, ni la bienséance, ni la pudeur, mais que vous a conseillée la recherche du plaisir plutôt que la saine raison, dans ce culte, dis-je, je voudrais montrer jusqu’où vont votre bonne foi et votre sincérité, pour voir si, en ce point-ci encore, ceux qui nous dénient la qualité de Romains et nous traitent en ennemis des empereurs romains, ne seront pas trouvés pires que les chrétiens. - 6.