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le nom de « seigneur », mais dans le sens reçu, et lorsque je ne suis pas forcé de le lui donner dans le même sens que je le donne à Dieu. Au reste, je suis libre vis-à-vis de lui ; je n’ai qu’un « seigneur » ou « maître », le Dieu tout-puissant et éternel, qui est aussi le seigneur ou maître de l’empereur lui-même. — 2. Celui qui est le « père de la patrie », comment en serait-il le seigneur ou maître ? Aussi bien, un nom tiré de la piété filiale est bien plus doux que celui qui désigne le pouvoir ; remarquez même que les chefs de famille sont appelés « pères » plutôt que « seigneurs » ou « maîtres ». — 3. A plus forte raison ne doit-on pas donner aux empereurs le nom de « dieu » : c’est une chose que ne peut croire la plus honteuse, je dirai plus, la plus funeste des flatteries. Si, ayant un empereur, vous donnez ce nom à un autre qu’à lui, ne vous attirez-vous pas la colère, terrible et impitoyable, de celui qui, en réalité, est votre empereur ? Cette colère, ne sera-t-elle pas redoutable pour celui-là même que vous avez qualifié du nom d’empereur ? Soyez donc respectueux envers Dieu, si vous voulez qu’il soit propice à l’empereur. Cessez de reconnaître un autre dieu, cessez en même temps d’appeler « dieu » celui qui a besoin de Dieu. — 4. Si une pareille adulation ne rougit pas de son imposture, quand elle donne le nom de dieu à un homme, qu’elle en redoute du moins les suites funestes. C’est un outrage que de donner le titre de dieu à César avant son apothéose.


Chapitre XXXV

1. Les chrétiens sont donc les ennemis de l’État, parce qu’ils ne rendent pas aux empereurs des honneurs vains, mensongers et téméraires, parce que, adeptes de la vraie religion, ils célèbrent les fêtes des empereurs