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existe ; comprenant qu’ils ne peuvent rien contre lui, ils reconnaissent que c’est par lui qu’ils sont puissants. Que l’empereur déclare donc la guerre au ciel ; qu’il traîne le ciel captif à la suite de son char de triomphe ; qu’il envoie des sentinelles au ciel ; qu’il impose au ciel un tribut ! Il ne le peut. — 3. L’empereur n’est grand qu’autant qu’il est inférieur au ciel : il est, en effet, lui-même la chose de Celui à qui le ciel et toute créature appartiennent. Il est empereur par Celui qui l’a fait homme avant de le faire empereur ; son pouvoir a la même source que le souffle qui l’anime. — 4. C’est vers ce Dieu que nous autres chrétiens, nous levons les yeux pour prier, les mains étendues, parce qu’elles sont pures ; la tête découverte, parce que nous n’avons pas à rougir ; enfin sans souffleur qui nous dicte les paroles, parce que nous prions du cœur. Dans nos prières incessantes, nous demandons pour les empereurs une longue vie, un règne tranquille, un palais sûr, des troupes valeureuses, un sénat fidèle, un peuple loyal, l’univers paisible, enfin tout ce qu’un homme ou un César peuvent souhaiter. — 5-6. Je ne puis adresser ces prières à nul autre qu’à Celui dont je sais bien qu’il réalisera mes vœux : car il est le seul qui puisse les réaliser, et moi, je suis le seul qui doive obtenir ses faveurs, étant son serviteur, étant le seul qui respecte ses commandements, qui meurs pour sa loi, qui lui offre une superbe et une merveilleuse victime, celle que lui-même m’a demandée : la prière venant d’un corps chaste, d’une âme innocente et d’un esprit saint, et non pas des grains d’encens d’un as, larmes d’un arbre d’Arabie, ni deux gouttes de vin pur, ni le sang d’un bœuf de rebut, qui ne demande que la mort, ni, après toutes ces choses immondes, une conscience souillée. Je me demande avec étonnement, quand je vois que, chez vous, ce sont les prêtres les plus dépravés qui