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jouir entre-temps de leur méchanceté, grâce à l’ajournement de leur peine. Et, cependant, quand ils sont pris, ils sont domptés, ils retombent dans leur condition, et ceux qu’ils attaquent de loin, de près ils leur demandent grâce. — 7. C’est pourquoi, semblables à ces condamnés qui se révoltent dans les ergastules, dans les prisons, dans les mines ou dans une autre servitude pénale du même genre, ils s’élancent contre nous, qui les avons sous notre puissance, assurés d’avance qu’ils nous sont inégaux en force et que leur fureur ne peut qu’ajouter à leur perte ; c’est à contrecœur que nous leur tenons tête, comme s’ils nous étaient égaux en force, nous repoussons leurs assauts en persévérant dans ce qu’ils attaquent, et jamais notre triomphe sur eux n’est plus glorieux que quand nous sommes condamnés pour notre obstination dans la foi.


Chapitre XXVIII

1. Mais, de forcer des hommes libres à sacrifier malgré eux paraîtrait sans doute injuste (car ailleurs on prescrit la bonne volonté pour offrir un sacrifice) ; et assurément on trouverait déraisonnable qu’un homme fût contraint par un autre homme d’honorer les dieux, alors qu’il devrait, par intérêt, les apaiser de lui-même. En effet, cet homme n’aurait plus le droit de dire au nom de sa liberté : « Je ne veux pas, moi, que Jupiter me soit propice ! De quoi te mêles-tu ? Que Janus irrité me tourne celui de ses deux visages qu’il voudra ! Qu’as-tu à, faire avec moi ? » - 2. Aussi, ce sont, à coup sur, les mêmes esprits pervers qui vous ont dressés à nous forcer de sacrifier pour le salut de l’empereur, et la nécessité de nous y forcer vous est imposée, aussi bien qu’à nous l’obligation de risquer notre vie.