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grandeur et qu’ils sont devenus les maîtres de la terre ; que la meilleure preuve de l’existence des dieux, c’est que ceux-là sont les plus florissants, qui rendent le plus d’hommages aux dieux.

3. Apparemment, ce sont les dieux romains qui ont accordé cette récompense au nom romain, comme un privilège. C’est Sterculus, c’est Mutunus et Larentina qui ont étendu l’empire. En effet, les dieux étrangers n’ont pas, je suppose, voulu favoriser une nation étrangère plutôt que la leur, et ils n’ont pas livré à des gens d’outremer le sol de la patrie, où ils sont nés, où ils ont grandi, où ils se sont illustrés et où ils sont ensevelis. — 4. A Cybèle de voir si elle s’est éprise de la ville de Rome en souvenir de la race troyenne, race de son pays, qu’elle protégea sans doute contre les armes des Grecs, et si elle a pris soin d’avance de se faire transférer chez des vengeurs qu’elle savait destinés à vaincre les Grecs, vainqueurs de la Phrygie ! — 5. Aussi a-t-elle donné, de nos jours même, une preuve magnifique de sa puissance transportée à Rome : après la mort de Marc-Aurèle, enlevé à la république près de Sirmium le seizième jour des calendes d’avril (17 mars 180), le très vénérable archigalle, faisant des libations d’un sang impur et se déchirant les bras, le neuvième jour des mêmes calendes (24 mars), ordonna les prières ordinaires pour la conservation de l’empereur Marcus, qui déjà était mort ! — 6. 0 courriers trop lents, ô somnolence des dépêches ! C’est par votre faute que Cybèle n’a pas appris plus tôt la mort de l’empereur, pour empêcher les chrétiens de rire d’une telle déesse ! — 7. Mais Jupiter, de son côté, n’eût pas facilement permis que son île de Crète subît le choc des faisceaux romains et il n’eût pas oublié l’antre fameux du mont Ida, et les cymbales d’airain des Corybantes, et le délicieux parfum de la nourrice qu’il avait là-bas. N’eût-il pas préféré à tous les