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des dieux, ne convenez-vous pas, suivant l’opinion commune, qu’il y a un Dieu plus élevé et plus puissant, le Roi du monde en quelque sorte, d’une majesté parfaite ? Car telle est l’idée que la plupart des hommes se font de la divinité : ils veulent que le souverain pouvoir soit aux mains d’un seul, que ses offices soient aux mains d’un grand nombre ; ainsi, par exemple, Platon représente le grand Jupiter dans le ciel accompagné d’une armée de dieux et de démons. — 4. C’est pourquoi il faut, disent-ils, que ses procurateurs, ses préfets, ses gouverneurs, soient honorés comme lui. Et cependant, commet-il un crime celui qui s’applique plutôt à obliger César et place toutes ses espérances en lui, et qui n’attribue le nom de dieu, comme celui d’empereur, à aucun autre qu’au maître suprême, puisqu’on regarde comme un crime capital d’appeler ou de souffrir qu’on appelle César un autre que César lui-même ? — 5. Que l’un soit libre d’adorer Dieu et l’autre Jupiter ; que l’un puisse lever ses mains suppliantes vers le ciel, et l’autre vers l’autel de la Bonne Foi ; qu’il soit permis à l’un de compter les nuages en priant, puisque c’est là votre croyance, et à l’autre les panneaux des lambris ; que l’un puisse vouer à son Dieu sa propre âme, l’autre celle d’un bouc. — 6. Prenez garde, en effet, que ce ne soit déjà un crime d’impiété que d’ôter aux hommes la liberté de la religion et de leur interdire le choix de la divinité, c’est-à-dire de ne pas me permettre d’honorer qui je veux honorer, pour me forcer d’honorer qui je ne veux pas honorer ! Il n’est personne qui veuille des hommages forcés, pas même un homme.

7. Aussi bien, on accorde aux Égyptiens la liberté de se livrer à leur superstition si vaine qui consiste à mettre des oiseaux et des bêtes au rang des dieux et à condamner à mort quiconque a tué un de ces dieux.