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devenue rousse par le simple contact ? Tous ces prodiges avaient pour but de faire prendre des pierres pour des divinités et d’empêcher la recherche du vrai Dieu.


Chapitre XXIII

1. Or donc, si les magiciens, eux aussi, font paraître des fantômes et vont jusqu’à déshonorer les âmes des morts (en les évoquant), s’ils tuent des enfants pour leur faire rendre des oracles, si par leurs jongleries charlatanesques ils font, en se jouant, quantité de prodiges, s’ils envoient même des songes, ayant à leur service la puissance des anges et des démons, qu’ils ont invoqués une fois pour toutes et grâce à qui il y a jusqu’aux chèvres et aux tables qui prédisent l’avenir : à combien plus forte raison cette puissance, quand elle agit de sa propre volonté et pour son propre compte, ne doit-elle pas consacrer toutes ses forces à produire ce qu’elle fait ainsi pour le compte d’autrui ? — 2. Or, si les anges et les démons opèrent les mêmes prodiges que vos dieux, où est donc la précellence de la divinité, qu’il faut à coup sur croire supérieure à toute autre puissance ? Ne convient-il pas de présumer que ce sont les démons qui se font dieux, en opérant ces prodiges qui les font passer pour dieux, plutôt que d’admettre que les dieux sont les égaux des anges et des démons ? — 3. On dira peut-être que c’est la différence des lieux qui distingue les dieux des démons, que c’est à cause des temples qu’ils habitent que vous considérez comme dieux ceux qu’ailleurs vous n’appelez pas dieux, que celui qui court sur les tours des édifices sacrés n’est pas fou comme celui qui passe sur les toits des voisins, et que celui qui mutile son corps ou s’ouvre les veines des bras commet une autre violence que celui qui se coupe la gorge ? Mais, dans tous les cas, la folie furieuse