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prendra plus facilement pour les adorateurs d’un homme. En vérité, nous ne rougissons pas du Christ, puisque nous sommes fiers de porter son nom et d’être condamnés pour son nom ; et pourtant nous n’avons pas de Dieu une autre conception que les Juifs. Il est donc nécessaire que je m’explique en quelques mots sur la divinité du Christ.

4 Les Juifs avaient obtenu auprès de Dieu le privilège de la grâce, à cause de l’insigne justice et de la foi de leurs premiers pères : de là, la grandeur de leur race et la puissance de leur royaume. Ils eurent aussi le bonheur extraordinaire d’entendre la parole de Dieu, qui leur enseignait les moyens de se concilier la faveur de Dieu et les mettait en garde contre tout ce qui l’offense. — 5. Mais, enorgueillis par la confiance de leurs pères, ils s’écartèrent de la loi divine d’une manière impie et commirent toutes sortes de prévarications. S’ils ne l’avouaient eux-mêmes, le malheur où ils sont plongés aujourd’hui le prouverait assez. Dispersés, vagabonds, bannis de leur pays, ils errent par toute la terre, n’ayant pour roi ni un homme ni un Dieu, et il ne leur est pas permis de mettre le pied sur le sol de la patrie et de le saluer, même à titre d’étrangers. — 6. Les saints oracles, qui leur prédisaient ces malheurs, ne cessaient de leur annoncer en même temps que, dans les derniers temps, Dieu se choisirait, parmi toutes les nations et tous les peuples et dans tous les lieux, des adorateurs beaucoup plus fidèles, sur qui il transporterait sa grâce, et une grâce plus abondante, à cause de leur aptitude à recevoir une doctrine plus complète.

7. Il est donc venu Celui qui, suivant les prophéties, devait venir pour renouveler et mettre en lumière cette doctrine, le Christ, Fils de Dieu. L’auteur et le maître de cette grâce et de cette doctrine, la lumière et le guide du genre humain, était annoncé comme étant le