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Achéens et se sont battus comme des couples de gladiateurs. Vénus fut blessée par la flèche d’un mortel, parce qu’elle voulait sauver son fils Énée, que le même Diomède avait failli tuer. — 3. Mars enchaîné pendant treize mois faillit en mourir ; Jupiter eût subi la même violence de la part des autres habitants du ciel, s’il n’avait été délivré par une sorte de monstre ; tantôt il pleure la mort de Sarpédon ; tantôt, honteusement épris de sa sœur, il lui rappelle ses amantes antérieures, dont aucune, dit-il, ne lui a inspiré une passion aussi vive. — 4. Dans la suite, quel poète, à l’exemple de leur prince, ne voit-on pas déshonorer les dieux ? L’un voue Apollon à la garde des troupeaux du roi Admète ; l’autre loue Neptune à Laomédon comme maçon. — 5. Il est un poète fameux parmi les lyriques, je veux dire Pindare, qui chante qu’Esculape fut frappé de la foudre à cause de sa cupidité, parce qu’il exerçait la médecine d’une manière criminelle. Jupiter fut méchant, si c’est à lui que la foudre appartient : il fut inhumain envers son petit-fils et jaloux de cet habile médecin. — 6. Ces faits, s’ils sont vrais, ne devaient pas être divulgués, et, s’ils sont faux, ils ne devaient pas être inventés par des hommes zélés pour la religion. Les poètes tragiques ou comiques ne se font pas faute non plus d’attribuer à un dieu les malheurs ou les égarements de quelque famille illustre.

7. Je ne dis rien des philosophes, me contentant de citer Socrate, qui, pour faire honte aux dieux, jurait par un chêne, par un bouc et par un chien. « Mais, dira-t-on, Socrate fut condamné précisément parce qu’il détruisait les dieux. » - Oui, depuis longtemps, ou mieux depuis toujours, la vérité est en butte à la haine. — 8. D’ailleurs les Athéniens se repentirent de leur sentence, ils frappèrent plus tard les accusateurs de Socrate et lui élevèrent une statue d’or dans un temple : l’