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tomber dans l’oubli précisément les règles les plus nécessaires et les plus aptes à maintenir la discipline morale ? — 2. Que sont donc devenues ces lois qui réprimaient le luxe et la brigue, qui défendaient de dépenser plus de cent as pour un repas, et de servir plus d’une volaille, encore ne devait-elle pas être engraissée ; ces lois qui exclurent du sénat un patricien, parce qu’il avait eu dix livres d’argent, comme si c’était une preuve éclatante de son ambition ; qui ordonnaient de démolir aussitôt les théâtres élevés pour corrompre les mœurs ; qui ne permettaient pas qu’on usurpât sans droit et impunément les insignes des dignités et de la noble naissance ? — 3. Je vois, en effet, que maintenant les repas méritent le nom de repas centenaires, parce qu’ils coûtent cent sesterces, et que l’argent des mines est converti en plats, je ne dis pas chez des sénateurs, mais chez des affranchis ou chez des gens qu’on déchire encore à coups de fouet. Je vois aussi qu’un seul théâtre par ville ne suffit pas et que les théâtres ne sont plus découverts. Pour empêcher, même en hiver, les voluptueux spectateurs d’avoir froid, les Lacédémoniens les premiers inventèrent, pour assister aux jeux, leur pesant manteau. Je vois enfin qu’entre les matrones et les prostituées il n’y a plus aucune différence quant au vêtement.

4. Au sujet des femmes, ils sont également tombés, ces règlements de vos ancêtres qui protégeaient la modestie et la tempérance. Autrefois, aucune femme ne portait de l’or, si ce n’est à un seul doigt, où le mari avait mis l’anneau nuptial comme un gage ; les femmes s’abstenaient de vin, au point que ses proches firent mourir de faim une matrone, parce qu’elle avait ouvert les loges d’un cellier ; au temps de Romulus, une femme n’avait fait que goûter du vin et Métennius, son mari, la tua impunément. — 5. C’est aussi pourquoi c’