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rien à examiner ou bien que, bon gré mal gré, la nécessité d’obéir (aux lois) est au-dessus de la vérité, je vais d’abord discuter ce qui regarde les lois, avec vous qui êtes les tuteurs des lois. — 4. Et d’abord, quand vous prononcez, suivant la loi, cet arrêt définitif : « Il n’est pas permis que vous existiez », et que vous nous opposez cette fin de non-recevoir sans aucune considération inspirée par l’humanité, vous faites profession de violence et d’une domination inique, pareille à celle d’un tyran commandant du haut de sa citadelle, si du moins vous prétendez que cela ne nous est pas permis parce que tel est votre bon plaisir, et non pas parce qu’en effet cela ne devait pas être permis. — 5. Que si vous ne voulez pas que cela soit permis, parce que cela ne doit pas être permis, je vous répondrai : sans aucun doute, ce qui est mauvais ne doit pas être permis, et l’on peut conclure de là, assurément, que ce qui est bien est permis. Si je découvre que ce que ta loi a défendu est bon, d’après le principe que je viens d’énoncer, n’est-il pas vrai qu’elle ne peut pas me défendre ce qu’elle me défendrait à bon droit si cela était mauvais ? Si ta loi s’est trompée, c’est, je pense, qu’elle est l’œuvre d’un homme ; et en effet, elle n’est pas tombée du ciel.

6. Est-il étonnant qu’un homme ait pu se tromper en établissant une loi, ou que, revenant à de meilleurs sentiments, il l’ait répudiée ? Et en effet, les lois de Lycurgue lui-même ne furent-elles pas corrigées par les Lacédémoniens, et leur auteur n’en fut il pas affecté d’une si grande douleur qu’il se fit justice à lui-même en se laissant mourir d’inanition dans sa retraite ? — 7. Et vous-mêmes, tous les jours, quand la lumière de l’expérience éclaire les ténèbres de l’antiquité, ne fouillez-vous pas et n’émondez-vous pas toute cette vieille et confuse forêt de vos lois, en y portant la hache des rescrits et des édits impériaux ? 8. La loi Papia,