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nous acquitte quand nous nions, c’est parce qu’on fait la guerre au nom seul. — 20. Enfin, pourquoi, quand vous lisez votre arrêt sur la tablette, qualiflez-vous un tel de « chrétien » ? Pourquoi ne l’appelez vous pas aussi « homicide », si un chrétien est un homicide ? pourquoi pas aussi « incestueux » ? pourquoi enfin ne lui donnez-vous pas tous ces noms que vous nous imputez ? Pour nous seuls, vous rougissez ou vous dédaignez, en prononçant l’arrêt, de nommer les crimes. Si le nom de « chrétien » n’est le nom d’aucun crime, c’est le comble de l’absurdité de faire un crime du nom seul.


Chapitre III

1. Que dis-je ? la plupart ont voué à ce nom de chrétien une haine si aveugle, qu’ils ne peuvent rendre à un chrétien un témoignage favorable, sans y mêler le reproche de porter ce nom. « C’est un honnête homme, dit l’un, que Gaius Seius, à cela près qu’il est chrétien. » Un autre dit de même : « Pour ma part, je m’étonne que Lucius Titius, un homme si éclairé, soit tout à coup devenu chrétien. » Personne ne se demande si Gaius n’est honnête et Lucius éclairé que parce que s’ils sont chrétiens, ni s’ils ne sont pas devenus chrétiens, parce que l’un est honnête et l’autre éclairé ! — 2. On loue en eux ce que l’on connaît, on blâme ce qu’on ignore, et, ce que l’on connaît, on l’attaque à cause de ce qu’on ignore : il est plus juste pourtant de préjuger de ce qui est caché par ce qui est manifeste que de condamner d’avance ce qui est manifeste d’après ce qui est caché.

3. D’autres flétrissent précisément ce qu’ils louent en ceux qu’ils avaient connus naguère libertins, mépri&endash ; sables et malhonnêtes avant leur conversion : aveuglés par la haine, ils leur donnent, sans le savoir, un suffrage