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scélérats ! Voilà pourquoi, sans doute, vous avez coutume de dire à un homicide : « Nie » ; et un sacrilège, vous le faites déchirer, s’il persiste à avouer. Si vous n’en agissez pas ainsi envers des criminels, vous nous jugez donc tout à fait innocents ; vous ne voulez pas que nous persévérions dans un aveu que vous savez devoir condamner par nécessité et non par justice.&endash ; 13. Un homme crie : « Je suis chrétien. » Il dit ce qu’il est, et toi tu veux entendre ce qu’il n’est pas. Vous qui présidez pour arracher la vérité, de nous seuls vous vous efforcez d’entendre le mensonge ! « Tu me demandes, dit l’accusé, si je suis chrétien : je le suis. Pourquoi me tortures-tu au mépris des règles de la justice ? J’avoue et tu me tortures ? Que ferais-tu, si je niais ? » - Il faut en convenir, quand les autres nient, vous ne les croyez pas facilement, et nous, si nous nions, vous nous croyez aussitôt !

14. Un tel renversement des règles de la justice doit vous être suspect : craignez qu’il n’y ait quelque puissance cachée qui se serve de vous contre les formes judiciaires, contre la nature des jugements, contre les lois elles-mêmes. En effet, si je ne me trompe, les lois ordonnent de découvrir les malfaiteurs, non de les cacher ; elles prescrivent de les condamner quand ils avouent, non de les acquitter. Voilà ce que disent formellement les décrets du sénat et les édits des princes. Le pouvoir dont vous êtes les ministres est un pouvoir réglé par les lois et non un pouvoir tyrannique. — 15. Chez les tyrans, en effet, la torture était employée même comme châtiment ; chez vous, elle ne sert qu’à l’enquête. Observez bien votre loi à l’égard de la torture, qui n’est nécessaire que jusqu’à l’aveu, et si elle est prévenue par l’aveu, elle sera inutile ; il faut céder le pas à la sentence. Il ne faut effacer le nom du coupable qu’après justice faite et non pour le soustraire à la peine.