Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’hostilité envers l’État, — pour ne parler que des inculpations lancées contre nous. Vous l’interrogez aussi sur les circonstances, la qualité du fait, le nombre, le lieu, le temps, les témoins, les complices. — 5. Avec nous, rien de semblable, et pourtant il faudrait également essayer de nous arracher l’aveu de ces crimes qu’on nous impute faussement : de combien d’enfants égorgés chacun a déjà goûté, combien d’incestes il a commis à la faveur des ténèbres, quels cuisiniers, quels chiens ont assisté. Quelle gloire pour un gouverneur, s’il découvrait un chrétien qui aurait déjà goûté de cent enfants !

6. Au contraire, nous voyons qu’il a même été défendu d’informer contre nous. En effet, Pline le Jeune, gouvernant une province, après avoir condamné quelques chrétiens, après en avoir démonté quelques-uns, effrayé toutefois de leur grand nombre, consulta l’empereur Trajan sur ce qu’il devait faire dans la suite. II lui exposait que, sauf l’obstination des chrétiens à ne pas sacrifier, il n’avait pu découvrir, au sujet de leurs mystères, que des réunions tenues avant le lever du soleil pour chanter des cantiques en l’honneur du Christ comme en l’honneur d’un dieu, et pour s’astreindre tous ensemble à une discipline qui défend l’homicide, l’adultère, la fraude, la perfidie et les autres crimes. — 7. Alors Trajan lui répondit que les gens de cette espèce ne devaient pas être recherchés, mais que, s’ils étaient déférés au tribunal, il fallait les punir.

8. Oh ! l’étrange arrêt, illogique par nécessité ! Il dit qu’il ne faut pas les rechercher, comme s’ils étaient innocents, et il prescrit de les punir, comme s’ils étaient criminels ! Il épargne et il sévit, il ferme les yeux et il punit. Pourquoi, ô censeur, te contredire ainsi toi&endash ; même ? Si tu les condamnes, pourquoi ne les recherches&endash ; tu pas aussi ? Si tu ne les recherches pas, pourquoi ne