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durent pourtant ! En sera-t-il autrement des coupables, des ennemis de Dieu ?

Chapitre XLIX

1. Voilà les croyances que chez nous seuls on traite de « préjugés ». Chez les philosophes et les poètes, ce sont des conquêtes d’une science sublime et d’un génie supérieur. Ils sont « sages » et nous sommes « ineptes ». A eux les honneurs, à nous la moquerie, non, plus que cela, le châtiment ! — 2. Mais soit, supposons que ces croyances que nous défendons ne soient que faussetés et qu’on les traite avec raison de « préjugés » : elles sont pourtant nécessaires ; qu’elles soient ineptes, elles sont pourtant utiles. En effet, ceux qui les admettent sont forcés de devenir meilleurs, par crainte d’un éternel supplice et par l’espérance d’un éternel bonheur. Il n’est donc pas bon de traiter de faussetés et d’inepties ce qu’il est bon de regarder comme vrai. Il n’est permis, à aucun titre, de condamner ce qui ne produit que du bien. — 3. C’est donc chez vous qu’il y a un préjugé, celui-là précisément qui condamne des choses utiles ; en conséquence, ces croyances ne peuvent pas être ineptes. En tout cas, même si elles sont fausses et ineptes, elles ne sont nuisibles pour personne. Car elles sont semblables à beaucoup d’autres croyances, contre lesquelles vous ne décrétez aucun châtiment, croyances vaines et fabuleuses, que personne n’accuse et ne punit, parce qu’elles sont inoffensives. — 4. Et en effet, quand il s’agit de pareilles choses, si tant est qu’il faille les condamner, c’est au ridicule qu’il faut les condamner, et non au glaive, au feu, à la croix et aux bêtes. C’est là une cruauté inique, qui ne remplit pas seulement de joie et d’arrogance cette aveugle populace, mais dont se vantent certains d’entre vous, qui 5 cherchent