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et plus croyables, puisque ce qui n’en est que la copie trouve même créance. S’ils les ont prises dans leur imagination, il en résultera que nos mystères seront la copie de choses qui sont venues après eux, ce qui est contraire à la nature, car jamais l’ombre n’existe avant le corps et jamais la copie de la vérité ne précède la vérité.


Chapitre XLVIII

1. Poursuivons : si quelque philosophe soutenait, comme Labérius le dit sur la foi de Pythagore, qu’après la mort un mulet est changé en homme, une femme en vipère, et s’il faisait valoir tous les arguments, avec toute la force de l’éloquence, pour établir cette opinion, n’emporterait-il pas votre assentiment et ne ferait-il pas entrer la foi dans votre esprit ? D’aucuns se persuaderaient même qu’il faut s’abstenir de la chair des animaux, pour ne pas acheter par hasard au marché du bœuf provenant de quelque aïeul ! Mais, en vérité, si un chrétien assure qu’un homme redeviendra un homme et que Gaius redeviendra Gaius, à l’instant même, on veut lui donner d’une vessie par le nez et le peuple le chasse je ne dis pas à coups de poings, mais à coups de pierres !

2. S’il existe quelque motif raisonnable de croire que les âmes humaines retourneront dans des corps, pourquoi ne rentreraient-elles pas dans la même substance, puisque « ressusciter » c’est « être ce qu’on a été » ? Dans votre croyance, elles ne sont plus ce qu’elles ont été, car elles n’ont pu devenir ce qu’elles n’étaient pas, sans cesser d’être ce qu’elles étaient. — 3. Il faudrait rechercher, à loisir, une foule de passages d’auteurs, si nous voulions nous amuser à examiner en 1