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chrétien n’est pas orgueilleux, même avec le pauvre. 13. Est-ce la modération qui est en jeu ? Voici Pythagore, qui aspire à la tyrannie chez les Thuriens, et Zénon chez les Priéniens. Un chrétien ne brigue pas même l’édilité. — 14. Si le débat porte sur l’égalité d’âme, Lycurgue voulut mourir de faim, parce que les Laconiens avaient amendé ses lois. Un chrétien rend grâces, même s’il est condamné. Si je compare la bonne foi, Anaxagore nia un dépôt fait par ses hôtes. Un chrétien est « fidèle » même aux yeux de ceux qui ne sont pas chrétiens. — 15. S’agit-il de la loyauté ? Aristote fit chasser honteusement son ami Hermias de la place qu’il occupait. Un chrétien ne fait pas même tort à son ennemi. Le même Aristote flatte honteusement Alexandre, qu’il aurait dû gouverner plutôt, et non moins honteusement Platon est vendu par Denys à cause de sa gourmandise. — 16. Aristippe, vêtu de pourpre, sous le masque de la gravité, mène une vie de débauches, et Hippias est tué, tandis qu’il dresse des embûches à sa patrie. C’est une chose qu’un chrétien n’a jamais tentée pour venger ses frères décimés par toutes sortes d’atrocités.

17. Mais on dira que, même parmi les nôtres, il y en a qui s’écartent des régies de la discipline. Sans doute, mais ils cessent d’être regardés comme chrétiens parmi nous, tandis que ces philosophes, après de telles actions, continuent à jouir du nom et de l’honneur de sages. — 18. Aussi bien, quelle ressemblance y a-t-il entre un philosophe et un chrétien, entre un disciple de la Grèce et un disciple du ciel, entre celui qui travaille pour la gloire et celui qui travaille pour la vie, entre celui qui prononce de belles paroles et celui qui accomplit de belles actions, entre celui qui édifie et celui qui détruit, entre un ami et un ennemi de l’erreur, entre un corrupteur de la vérité et celui qui la maintient dans 7