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révélée qu’elle est par un Maître parfait, et, d’autre part, nous la gardons fidèlement, ordonnée qu’elle est par un Juge que nul ne peut braver. — 2. Vous, au contraire, c’est une autorité humaine qui vous a enseigné l’innocence, c’est une puissance humaine qui vous l’a imposée : voilà pourquoi votre discipline n’est ni complète ni capable d’inspirer autant de crainte en ce qui concerne la véritable innocence. Les lumières de l’homme pour enseigner le bien ne valent pas plus que son autorité pour l’exiger : il est aussi facile de tromper l’une que de braver l’autre.- 3. Car enfin, quel est le commandement le plus complet, de dire : « Tu ne tueras point », ou d’enseigner : « Tu ne te mettras pas même en colère » ? Lequel est le plus parfait, ou de défendre l’adultère ou d’interdire jusqu’à la solitaire concupiscence des yeux ? Lequel est le plus sage, d’interdire les actions mauvaises ou même des paroles méchantes ? de ne pas permettre l’injustice ou de ne pas même autoriser les représailles ? — 4. Et sachez bien que celles-là même de vos lois, qui paraissent vous conduire à la vertu, sont empruntées à la loi divine, puisque cette loi leur a servi d’archétype. Nous avons parlé plus haut (19, 3) de l’ancienneté de Moïse.

5. Mais combien est faible l’autorité des lois humaines, puisque l’homme réussit souvent à y échapper en commettant ses délits dans l’ombre, et même quelquefois à la braver, quand il est entraîné au mal par la passion ou par la nécessité ! — 6. Considérez cette autorité en regard de la brièveté du supplice qu’elle inflige : quelque long qu’il soit, il ne se prolonge pas au-delà de la mort. C’est pourquoi Épicure aussi fait bon marché de tous les tourments et de toutes les douleurs, en déclarant que, modérée, la douleur est facile à braver, et que, grande, elle n’est jamais de longue durée. 3 -