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fait une levée de cuisiniers ; en voyant la fumée du banquet de Sérapis, on donnera l’alarme aux pompiers ! Seul, le repas des chrétiens est un objet de commentaires.

16. Notre repas fait voir sa raison d’être par son nom : on l’appelle d’un nom qui signifie « amour » chez les Grecs (agape). Quelles que soient les dépenses qu’il coûte, c’est profit que de faire des dépenses par une raison de piété : en effet, c’est un rafraîchissement par lequel nous soulageons les pauvres, non que nous les traitions comme vos parasites, qui aspirent à la gloire d’asservir leur liberté, à condition qu’ils puissent se remplir le ventre au milieu des avanies, mais parce que, devant Dieu, les humbles jouissent d’une considération plus grande. — 17. Si le motif de notre repas est honnête, jugez d’après ce motif la discipline qui le régit. Comme il a son origine dans un devoir religieux, il n’admet ni bassesse ni dérèglement. On ne se met à table qu’après avoir goûté de la prière à Dieu. On mange autant que la faim l’exige ; on boit autant que la chasteté le permet. — 18. On se rassasie comme des hommes qui se souviennent que, même la nuit, ils doivent adorer Dieu ; on converse en gens qui savent que le Seigneur les entend. Après qu’on s’est lavé les mains et qu’on a allumé les lumières, chacun est invité à se lever pour chanter, en l’honneur de Dieu, un cantique qu’on tire, suivant ses moyens, soit des saintes Ecritures, soit de son propre esprit. C’est une épreuve qui montre comment il a bu. Le repas finit comme il a commencé, par la prière. — 19. Puis chacun s’en va de son côté, non pas pour courir en bandes d’assassins, ni en troupes de flâneurs, ni pour donner libre carrière à la débauche, mais avec le même souci de modestie et de pudeur, en gens qui ont pris à table une leçon plutôt qu’un repas. 4