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Chapitre XXXVIII

1. Par conséquent, il ne fallait pas non plus, en usant d’un peu plus de douceur, ranger parmi les factions illicites cette secte qui ne commet rien de ce qu’on redoute des factions illicites. — 2. En effet, si je ne me trompe, le motif pour lequel on a défendu les factions réside dans le souci qu’on prend de maintenir l’ordre public ; on a voulu empêcher que la cité ne fût divisée en partis, pour troubler facilement les comices, les assemblées populaires, les curies, les spectacles mêmes par le choc des passions rivales, à une époque où les citoyens avaient commencé à trafiquer du concours de leur violence vénale et mercenaire. — 3. Mais pour nous, que la passion de la gloire et des honneurs laisse froids, nous n’avons nul besoin de coalitions, et nulle chose ne nous est plus étrangère que la chose publique. Nous ne connaissons qu’une seule république, commune à tous : le monde.

4. De même, nous renonçons à vos spectacles, parce que nous renonçons aux superstitions d’où ils tirent, nous le savons, leur origine et que nous sommes étrangers aux choses elles-mêmes qui s’y passent. Notre langue, nos yeux n’ont rien de commun avec la folie du cirque, avec l’impudicité du théâtre, avec l’atrocité de l’arène, avec la frivolité du xyste. — 5. En quoi vous offensons-nous, si nous préférons d’autres plaisirs ? Enfin, si nous ne voulons pas nous divertir, le dommage est pour nous, si dommage il y a, et non pour vous. Mais, dites-vous, nous réprouvons ce qui vous plaît ! — Nos plaisirs ne vous plaisent pas non plus. On a pourtant permis aux Epicuriens de décréter une vérité nouvelle sur le plaisir, qui est pour eux l’égalité d’âme. 0