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péchés qui se font volontairement et de gaieté de cœur ; car en ce cas, on pourrait débattre que toujours la volonté serait en nécessité, ayant de quoi être contrainte. Je pourrais moi-même forger à plaisir de semblables excuses, et mettre en Dieu telles causes apparentes en faveur de ceux qui portent des couronnes servant à divers effets, et m’en remettre à cette raison commune de la nécessité, qui est la directrice et gouvernante ; au lieu qu’à cette occasion il faut tout fuir telles, pour ne tomber en péché, ou souffrir le martyre pour se délivrer de celles-ci. Il n’est jamais besoin de discourir plus avant de la première partie delà question, savoir si la guerre est du tout illicite afin que nous venions à la seconde ; car si je n’ai rejeté entièrement et de tout mon effort la guerre, en vain je parle contre la couronne militaire. Soit donc posé le cas que la guerre est licite, afin que cela même -puisse servir de cause et raison pour la couronne.

XII. Je parlerai seulement de la couronne. Celle de laurier a été consacrée à Apollon ou à Bacchus ; à celui-là comme au dieu des flèches, à celui-ci comme au dieu des triomphes. Ainsi l’enseigne Claudius : « Combien . dit-il, que les soldats ont accoutumé de se couronner de myrte, parce que le myrte, et non le laurier est consacré à Vénus, la mère d’Énée, dame et maîtresse des amours, lequel est romain à cause d’Ilia, et de Rémus et Romulus. » Mais je ne crois pas que Vénus pour cette considération soit romaine avec Mars, pour le déplaisir qu’elle a reçu de la concubine de son ami. Il dit aussi que le soldat était couronné d’olivier par Minerve, déesse non-seulement des arts, mais aussi des armes, et qu’elle avait une couronne de cette arbre lorsqu’elle fit la paix avec Neptune. En toutes ces choses la superstition de la couronne militaire composée de fleurs et de feuilles est partout polluée et souillée, et souille toutes les choses qui se peuvent polluer. Par ces causes, que vous semble-t-il de cette solennelle profession et nuncupation de vœux, lui se fait premièrement en la cour du prince et de l’empereur, puis au Capitole ? Après que nous savons les lieux,