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ou contre raison, et laquelle sert pour répondre à ceux qui rendent commun l’usage de toutes choses à l’occasion de quelques exemples. Il ne reste donc plus sur ce point qu’à examiner les causes et raisons qu’on peut dire pour cet usage de la couronne, afin que cependant que nous montrerons comme elles sont étrangères, voire aussi contraires à la discipline chrétienne, ce soit autant de prouves, que nulle d’icelles n’est soutenue de l’aide et protection de la raison, pour faire que tel port et ornement de couronne puisse être commun aux chrétiens comme aux païens, ainsi qu’aucuns ont prétendu, l’exemple desquels on nous objecte.

XI. Afin donc que je commence par la raison pour laquelle la couronne militaire est en usage, il faut premièrement savoir si la guerre est totalement et absolument licite aux chrétiens ; car quelle apparence y aurait-il de traiter et discourir des accidents, si l’essence et le principal étaient blâmables ? Croyons-nous qu’il soit possible d’accumuler le serment fait à l’homme sur celui qui a été fait à Dieu et après Jésus-Christ répondre et nous enrôler sous un autre seigneur, et renoncer à père et mère, à tout prochain lesquels la loi nous commande honorer et aimer après Dieu et l’Évangile, qui les préfère à toutes autres choses réservées à Jésus-Christ. Sera-t-il permis de faire profession de l’épée, vu que notre Dieu a prononcé que celui qui usera du glaive périra du glaive ? Le fils de paix ira-t-il au combat, à qui il n’est pas seulement permis de plaider ? Fera-t-il souffrir à autrui les liens, la prison, les supplices, lui qui ne peut venger ses propres injures ? Entrera-t-il au corps de garde pour autre que pour Jésus-Christ, et le propre jour du dimanche, puisqu’il ne le fait pas pour Jésus-Christ même ? Sera-t il en veilles pour les temples auxquels il a renoncé ? et soupera-t-il au lieu où l’apôtre le prohibe ? Défendra-t-il de nuit ceux qu’il aura chassés de jour par exorcismes, s’appuyant et se reposant sur une lance avec laquelle on a outre-perce le côté du Sauveur ? Portera-t-il l’étendard qui est fait à l’envi de Jésus-Christ, et demandera-t-il la marque et la livrée du