Page:Tertullien - Œuvres de Tertullien, édition Charpentier, 1844.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

et en habit, et en honneur de consécration qui est en notre endroit une seconde idolâtrie. Ce sera donc à ceux qui auront faute de sens ou de jugement, d’user de la chose, de laquelle s’ils voulaient abuser, ils auraient faute de jugement, autant que si du tout ils n’avaient point de sentiment ; car il n’y a point de différence entre abuser d’une chose, ou lorsque véritablement on ne peut en user, par faute de la faculté du sentiment, ou lorsqu’on n’en peut abuser, par faute de la chose même. Mais à nous, il ne nous est pas permis, selon l’apôtre, d’en abuser, parce qu’il nous enseigne, qu’il est plus aisé de n’en user point du tout, si vous ne voulez dire qu’il n’y a point d’abus en ceux qui n’ont du tout point-dé sens ni de jugement, mais que le tout vaque. Toutefois ce même œuvre est un œuvre mort, pour le regard des idoles, mais vif pour le regard des diables auxquels s’adresse cette superstition. L’or et l’argent sont les idoles des nations, dit David quand il écrit : « Ils ont des yeux et ne voient point ; ils ont des narines et ne flairent point ; ils ont des mains et ne touchent ni ne palpent rien ; » car par ces organes on jouit des fleurs. Que s’il prédit que ceux qui forgent des idoles sont tels que les idoles mêmes, ceux donc qui usent des ornements des idoles sont déjà tels ? car comme toutes choses sont mondes et nettes à ceux qui sont nets et mondes, aussi toutes choses sont immondes à ceux qui sont immondes ; mais il n’y a rien plus immonde que les idoles. Au surplus toutes les substances, comme étant créatures de Dieu, sont mondes et nettes, et par cette condition et qualité elles sont communes en usage ; mais toute la différence gît en la façon d’en user, car je tue et destine un coq pour moi et à moi, aussi bien que Socrate a pour Esculape, et si la senteur de quelque lieu m’offense, je le parfum dee quelque odeur et encens d’Arabie, mais non pas avec telle cérémonie, ni avec tant de mystère, habit, ou apparat qu’on fait aux idoles. Car si d’une seule parole la qualité de la créature est polluée, comme l’apôtre l’enseigne écrivant : « Si quelqu’un te dit, cela est destiné et